La société MEDIAlibri, éditrice de GlobeKid, ayant malheureusement dû cesser ses activités, le site web de GlobeKid n'est plus mis à jour et ses fonctionnalités de création de livres, de personnalisation des livres créés par l'équipe GlobeKid, ainsi que de téléchargement des livres au format PDF et Ebook et de commande des livres imprimés reliés, sont désactivées.

Vous pouvez cependant encore accéder librement aux contenus des livres pendant quelque temps et nous contacter pour toute question par email contact@globekid.com.

Gavroche

Gavroche

L'empereur Napoléon sur les hauteurs de Rossomme par PG Jeanniot via Pontauchange.com

Gavroche était en effet chez lui. Ô utilité inattendue de l’inutile ! charité des grandes choses ! bonté des géants ! Ce monument démesuré qui avait contenu une pensée de l’Empereur était devenu la boîte d’un gamin. Le môme avait été accepté et abrité par le colosse. Les bourgeois endimanchés qui passaient devant l’éléphant de la Bastille disaient volontiers en le toisant d’un air de mépris avec leurs yeux à fleur de tête :
– À quoi cela sert-il ?
– Cela servait à sauver du froid, du givre, de la grêle, de la pluie, à garantir du vent d’hiver, à préserver du sommeil dans la boue qui donne la fièvre et du sommeil dans la neige qui donne la mort, un petit être sans père ni mère, sans pain, sans vêtements, sans asile. Cela servait à recueillir l’innocent que la société repoussait. Cela servait à diminuer la faute publique.
C’était une tanière ouverte à celui auquel toutes les portes étaient fermées. Il semblait que le vieux mastodonte misérable, envahi par la vermine et par l’oubli, couvert de verrues, de moisissures et d’ulcères, chancelant, vermoulu, abandonné, condamné, espèce de mendiant colossal demandant en vain l’aumône d’un regard bienveillant au milieu du carrefour, avait eu pitié, lui, de cet autre mendiant, du pauvre pygmée qui s’en allait sans souliers aux pieds, sans plafond sur la tête, soufflant dans ses doigts, vêtu de chiffons, nourri de ce qu’on jette. Voilà à quoi servait l’éléphant de la Bastille.
Cette idée de Napoléon, dédaignée par les hommes, avait été reprise par Dieu. Ce qui n’eût été qu’illustre était devenu auguste. Il eût fallu à l’Empereur, pour réaliser ce qu’il méditait, le porphyre, l’airain, le fer, l’or, le marbre ; à Dieu le vieil assemblage de planches, de solives et de plâtras suffisait.
L’Empereur avait eu un rêve de génie ; dans cet éléphant titanique, armé, prodigieux, dressant sa trompe, portant sa tour, et faisant jaillir de toutes parts autour de lui des eaux joyeuses et vivifiantes, il voulait incarner le peuple ; Dieu en avait fait une chose plus grande, il y logeait un enfant.