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Le barbier

Le barbier

par G. Brion via Pontauchange.com

Le barbier, dans sa boutique chauffée d’un bon poêle, rasait une pratique et jetait de temps en temps un regard de côté à cet ennemi, à ce gamin gelé et effronté qui avait les deux mains dans ses poches, mais l’esprit évidemment hors du fourreau.
Pendant que Gavroche examinait la mariée, le vitrage et les Windsorsoaps, deux enfants de taille inégale, assez proprement vêtus, et encore plus petits que lui, paraissant l’un sept ans, l’autre cinq, tournèrent timidement le bec-de-cane et entrèrent dans la boutique en demandant on ne sait quoi, la charité peut-être, dans un murmure plaintif et qui ressemblait plutôt à un gémissement qu’à une prière. Ils parlaient tous deux à la fois, et leurs paroles étaient inintelligibles parce que les sanglots coupaient la voix du plus jeune et que le froid faisait claquer les dents de l’aîné.
Le barbier se tourna avec un visage furieux, et sans quitter son rasoir, refoulant l’aîné de la main gauche et le petit du genou, les poussa tous deux dans la rue, et referma sa porte en disant :
– Venir refroidir le monde pour rien !
Les deux enfants se remirent en marche en pleurant. Cependant une nuée était venue ; il commençait à pleuvoir.
Le petit Gavroche courut après eux et les aborda :
– Qu’est-ce que vous avez donc, moutards ?
– Nous ne savons pas où coucher, répondit l’aîné.
– C’est ça ? dit Gavroche. Voilà grand’chose. Est-ce qu’on pleure pour ça ? Sont-ils serins donc !
Et prenant, à travers sa supériorité un peu goguenarde, un accent d’autorité attendrie et de protection douce :
Momacques, venez avec moi.
– Oui, monsieur, fit l’aîné.
Et les deux enfants le suivirent comme ils auraient suivi un archevêque. Ils avaient cessé de pleurer.