Les banya Sandouny

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Livre Famille

Nathalie voyageuse

Les banya Sandouny

Les banya, autrement dit les bains publiques, sont fameux en Russie. Ils ressemblent un peu aux saunas scandinaves, à cette différence près que la chaleur y est humide au lieu d'être sèche. La coutume est de faire suivre le banya brûlant d'une séance de fouettage avec des rameaux de bouleau et de quelques seaux d'eau glacée.
Seules les filles de la famille ont le courage de se lancer et nous nous mettons en quête de la bonne adresse à Moscou. On nous dit : les banya Sandouny, le plus ancien et prestigieux de la ville On admire sur internet la magnifique piscine bordée de statues.
Pas besoin de réserver. Nous voilà au Сандуновские бани (autrement dit bains Sandounovskie, leur nom complet) où notre incompétence affole les babouchkas qui font venir la directrice de l'établissement. La dame, très élégante, qui parle un peu anglais, nous explique qu'il faut nous changer dans la grande pièce qui tient lieu de salle de repos et nous montre le banya des femmes qui ressemble à… un vestiaire collectif de piscine municipale des années 70 ! Sauna, petit bassin surélevé, tonneau et seau suspendu au plafond en plus.
Mais où est la magnifique piscine avec les statues ? Niet pour les femmes ! Elle est réservée aux hommes. Nous sommes indignées, prêtes à faire la révolution. Mais bientôt débarrassées de nos maillots de bain et entortillées dans nos serviettes, la tête comprise (nous ne comprenons pas pourquoi mais il faut obéir), nous pénétrons dans le sauna. Une jeune fille qui parle français nous chuchote de nous coucher sur le sol. Nous obtempérons immédiatement. La chaleur est tellement intense que, même à plat ventre sur le sol, nous peinons à respirer. Au dessus de nous, des femmes de tout âge, tranquillement assises sur les bancs, et vêtues en tout pour tout d'un drôle de bonnet de laine bouillie pointu sur la tête, attendent patiemment de se faire fouetter entre deux bains glacés. Nous comprenons soudain pourquoi il faut se protéger la tête : sans cela, le cerveau cuirait comme un oeuf à la coque ! Nous sommes soulagées quand notre tour arrive !
Le fouettage aux branches de bouleau apparait agréable en comparaison. Les branches sont délicieusement fraîches ! Et le foutettage s'effectue en cadence, créant un petit courant d'air brûlant, certes, mais mélodieusement bruissant ! Comment la masseuse qui fouette débout dans la partie la plus haute et chaude du banya fait-elle pour tenir le choc ?
Elle nous entraîne ensuite jusqu'à la table de massage et c'est le ballet des seaux d'eau, de glacée à tiède et vice-versa, avant de nous faire nous immerger dans un tonneau d'eau carrément glaciale. Nous sommes à la fois épuisées et pleines d'une énergie nouvelle, presque prêtes à revenir cet hiver à Moscou pour tenter la baignade dans un "Jourdain" (une croix orthodoxe découpée dans la glace d'un lac ou une rivière gelée) qui revient à la mode en Russie pour l'Epiphanie. Quelle expérience mais à déconseiller aux personnes fragiles et aux cardiaques !

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