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Un instant

Un instant

A partir de "Riverscene with Forest Beyond" par Walter Leistikow via Wikimedia Commons

Un instant, Léopold sentit en lui un accès de réelle mauvaise humeur. Puis, se ravisant rapidement, il donna à la prétendue voyante une petite tape amoureuse, en lui disant :
- Vous êtes toujours la même Corinne. Et si le bon Nelson, qui est le meilleur homme du monde et mon seul confident, était ici et qu'il ait entendu votre récit il en serait enchanté et il parlerait de capital fun à l'idée que vous consentez si gracieusement à m'accorder la sœur de ma belle-sœur.
- C'est que je suis une prophétesse, dit Corinne.
- Prophétesse, reprit Léopold. Mais pour une fois, mauvaise prophétesse. Hildegarde est une belle fille et des centaines d'hommes seraient bien heureux de l'avoir. Mais vous savez ce que maman pense de cette affaire ; les airs de supériorité que nos parents de là-bas prennent toujours avec nous lui sont une perpétuelle humiliation, de sorte qu'elle a bien assez d'une seule belle-fille de Hambourg, d'une seule représentante de la grande maison Thompson-Munk. Ces Munk, elle les déteste plus qu'à moitié et si je me présentais devant elle avec Hildegarde, je ne peux pas dire ce qui arriverait ; elle dirait certainement non et il y aurait une scène terrible.
- Qui sait ? dit Corinne, qui savait, elle, que le mot décisif allait bientôt être prononcé.
- Elle dirait non, et non, et non, c'est aussi sûr que l'amen à l'église, poursuivait Léopold en élevant le ton. Mais cette éventualité ne risque pas de se réaliser. Je ne me présenterai pas devant elle avec Hildegarde ; au lieu de cela je chercherai moins loin et je trouverai mieux… Je sais bien - et vous savez comme moi - que le tableau que vous venez de brosser n'est qu'une plaisanterie, une fantaisie et surtout vous savez bien que si je dois jamais promener ma tête sous un arc de triomphe, la couronne qui se balancera au-dessus de mon chef portera, faite de milliers et de milliers de fleurs, une bien autre initiale que le H de Hildegarde. Ai-je besoin de dire laquelle ce sera ? Ah ! chère Corinne, je ne puis pas vivre sans vous et cette minute doit décider de ma vie. Et maintenant c'est à vous de dire oui ou non.
Et en disant ces mots il prenait la main de la jeune fille et la couvrait de baisers. Car ils se trouvaient marcher à l'abri d'une haie de noisetiers.