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Voyons, Treibel

Voyons, Treibel

A partir de la la "Familie Liebermann" par Max Liebermann via Wikimedia Commons

- Voyons, Treibel, ce ne sont que des mots.
- Et les plus terribles ménages, mon cher Krola, sont ceux où on discute avec des "prétentions", où, pardonnez-moi la comparaison, on fait la guerre avec des gants de velours ou, pour parler plus exactement, on se jette des confetti à la figure, comme au carnaval de Rome. C'est très joli mais cela fait tout de même bien mal. Eh bien, ma belle-fille est maîtresse dans l'art de cette bataille de confetti qui n'est plaisante qu'en apparence. Je parie que, bien souvent déjà, mon pauvre Otto s'est dit à part lui : si seulement elle griffait quelquefois, si seulement elle se mettait hors d'elle, si seulement elle disait : monstre ou menteur, ou misérable séducteur.
- Mais, Treibel, cela elle ne peut pas le dire. Ce serait d'ailleurs stupide. Otto n'est pas un séducteur, ni un monstre non plus.
- Hélas, Krola, ce n'est pas là le point. L'important serait qu'elle puisse au moins penser des choses pareilles ; qu'elle puisse avoir un élan de jalousie et qu'à ces moments la passion jaillisse d'elle avec une ardeur africaine. Mais chez Hélène rien ne peut dépasser la température du Uhlenhorst. En elle, vous ne trouverez qu'une inébranlable foi dans la vertu et dans le Windsorsoap.
- Eh bien, si vous voulez. Mais s'il en est ainsi, d'où peuvent venir les sujets de querelle ?
- Il s'en trouve. Ils viennent autrement ; d'une manière qui est différente mais pas meilleure. Pas de "tonnerre de Brest" rien que de petits mots avec le contenu de poison d'une demi-piqûre de moustique ; aussi des silences, des lèvres qui ne veulent pas se desserrer, des visages boudeurs, voilà les combats ignorés de la vie conjugale, cependant que pour l'extérieur le visage reste sans ride. Voilà ce qu'on appelle les formes. J'ai peur que toute la tendresse que nous voyons-là se promener devant nous, et qui me semble d'ailleurs très à sens unique, ne soit rien d'autre qu'un exercice de pénitence. Otto Treibel dans la cour du château de Canossa, les pieds dans la neige. Regardez-le, le pauvre garçon ; il penche sans cesse la tête vers la droit ; Hélène, elle, ne bronche pas et ne se départit pas du bon maintien qu'on apprend à Hambourg… Mais, taisons-nous ! Voici notre quatuor qui commence quelque chose. Quoi au juste ?
- L'air célèbre : "Je ne sais ce que cela veut dire".
- Ah parfait. Question qu'on ne peut d'ailleurs se poser à chaque instant et surtout pendant les parties de campagne.