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La question du sable

La question du sable

La question du sable

Je voyais déjà le gabian

Je voyais déjà le gabian

La Canebiere et la Bourse, Marseille, Library of Congress Prints and Photographs Division

Je voyais déjà le gabian installé à Sisteron, sur les toits, dans mon « miradou », près des poules et de la pie, avec un grand plat rempli d'eau claire et, renouvelé chaque jour, un petit tas de sable marin que, joyeusement, il gratterait. J'adoptai donc le gabian ; puis, l'ayant payé et me dérobant non sans peine aux manifestations de la curiosité publique, je rentrai le déposer à mon hôtel. Il restait la question du sable ; et c'est ici que l'achat, en apparence inconsidéré, de ce gabian, se révéla providentiel. La vertu ici-bas est toujours plus ou moins récompensée. En essayant de faire plaisir au gabian et de lui procurer du bon sable, j'ai pu, chose incroyable ! voir la mer à Marseille, la mer que je n'y avais jamais vue.
Car, et ceci sans ironie, la Canebière a tant de charmes, qu'à proprement parler le voyageur passant par Marseille ne peut connaître que la Canebière. La Canebière, quelquefois un peu de Prado… Ceux, plus hardis, qui, à travers le dédale des vieux quartiers, poussent jusqu'aux terrasses de la Tourette d'où le panorama se déroule si magnifiquement sur le golfe immense et les îles, passent pour des explorateurs.
À Marseille, riche en merveilles, entre autres merveilles, on oublie la mer. Dans une illumination subite, je m'aperçus de ce léger détail après trente ans. Et, vexé un peu, je me dis :
- Attention ! résumons-nous : depuis ces huit jours que tu flânes entre les Allées et le Port, qu'est-ce que t'ont montré tes amis ? D'abord, comme toujours, et naturellement ils t'ont montré la Canebière, puis encore la Canebière, y échelonnant leur rendez-vous et se conjurant avec une astuce spéciale pour t'empêcher d'aller ailleurs, aux endroits jamais visités où le flot chante, où les pins frémissent… La vaste mer et ses rivages doivent pourtant exister quelque part, autour de Marseille. Je veux en avoir le coeur net.