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Le dernier rendez-vous

Le dernier rendez-vous

Le dernier rendez-vous

e dernier rendez-vous

Après l’annonce de la nouvelle par Timmy, Rob et Lisa eurent toutes les peines du monde à attendre la tombée de la nuit. Un vent glacé de pluie et de neige mêlées s’était mis à souffler et s’engouffrait entre les pierres disjointes de leur abri, rendant leur attente encore plus insupportable. Enfin, les trois enfants purent s’envoler vers la haute façade de l’hôtel.
Après avoir indiqué à Rob et Lisa les fenêtres de la chambre de leurs parents, Timmy les quitta pour foncer à tire d’ailes vers l’immeuble ou vivait sa famille. Rob et Lisa se perchèrent à l’angle de la plus grande fenêtre qui donnait sur le salon, plongé dans la pénombre.
Assise sur un canapé, leur mère se tordait nerveusement les mains face à leur père dont ils ne voyaient que le dos.
« Tu dois faire ton deuil. Nous ne les reverrons plus. Tu le sais bien. Le canot à moteur que la police a retrouvé au milieu du lac ne laisse aucun doute sur le fait qu’ils se sont noyés. Seule la profondeur du lac a empêché les plongeurs de repêcher leurs corps », disait leur père.
« Je ne peux pas les oublier. Nous avons été de si mauvais parents. Te rappelles-tu ce que nous disions le matin de leur disparition ? Jamais je ne me le pardonnerai », sanglotait leur mère. «
Moi non plus, murmura leur père. Je dois partir maintenant à mon rendez-vous. A tout à l’heure », dit-il en sortant de la pièce.
Lisa écrasait son visage contre la vitre pour mieux voir celui de sa mère.
« Recule-toi, Lisa, sinon elle va... », disait Rob quand leur mère bondit vers la fenêtre. Derrière les carreaux, les deux enfants étaient pétrifiés d’émotion.
« Lisa, Rob », cria-t-elle en ouvrant tout grand la fenêtre, enjambant son rebord pour les prendre dans ses bras.
Leur mère eût à peine le temps d’effleurer la joue de Lisa. Emportée par son élan, elle bascula dans le vide.
« Maman ! , hurlèrent en même temps Rob et Lisa. Avant qu’ils aient pu faire un geste, elle gisait plusieurs dizaines de mètres plus bas devant les grilles du parc. D’un même battement d’ailes, Rob et Lisa plongèrent dans sa direction.
Une foule s’était déjà amassée autour d’elle. Ils posèrent à quelques mètres. Ils virent alors leur père sortant de l’hôtel accourir à son tour. Il écarta les gens pour se précipiter sur le corps de sa femme. Il se redressa soudain semblant chercher quelqu’un dans la foule à travers la pluie glacée qui redoublait de violence.
De l’autre côté de la rue, immobiles dans la pénombre, Rob et Lisa le regardaient. Leurs regards se croisèrent.
« Rob, Lisa, appela—t-il en courant les bras tendus vers eux.
Le taxi jaune qu’il avait commandé pour se rendre à son rendez-vous, le faucha dans un grand crissement de pneu alors que les sirènes et les lumières des ambulances et de la police transperçaient la nuit.
« Venez. Ce n’est pas votre faute. Vous ne pouvez plus rien faire ». Tirant par leur manteau Rob et Lisa qui semblaient cloués au sol, Timmy les força à s’éloigner.
« Qu’allez-vous faire maintenant ? », demanda-t-il.
« Nous repartons vers le Nord. Merci pour tout, Timmy, mon ami», dit Rob, le visage déformé par le chagrin. Il tenait très fort la main de Lisa qui tremblait comme une feuille.
« Bonne chance à vous, mes amis. Nous nous reverrons, n’est-ce pas ? ».
Les trois enfants s’étreignirent un long moment. Puis, s’élevant dans le ciel d’automne agité par la tempête, Rob et Lisa mirent le cap vers l’étoile du Nord.