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De l'Alpha Inn à Covent Garden

De l'Alpha Inn à Covent Garden

De l'Alpha Inn à Covent Garden

Terminé

Terminé

par Sidney Paget via Wikimedia Commons

– Terminé, en ce qui concerne M. Henry Baker ! dit Holmes, une fois la porte refermée. Il est incontestable que le bonhomme n’est au courant de rien. Vous avez faim, Watson ?
– Pas tellement !
– Alors, nous transformerons notre dîner en souper et nous suivrons la piste tandis qu’elle est chaude.
– Tout à fait d’accord !
Nous passâmes nos pardessus et, la gorge protégée par des foulards, nous nous mîmes en route. La nuit était froide. Les étoiles brillaient dans un ciel sans nuages et une buée sortait de la bouche des passants. Nos pas sonnant haut sur le trottoir, nous traversâmes le quartier des médecins, suivant Wimpole Street, Harley Street, puis Wigmore Street, pour gagner Oxford Street. Un quart d’heure plus tard, nous étions dans Bloomsbury et pénétrions dans l’Alpha Inn, un petit café faisant le coin d’une des rues qui descendent vers Holborn. Holmes s’approcha du bar et, avisant un homme à figure rougeaude et à tablier blanc, qui ne pouvait être que le patron, lui commanda deux verres de bière.
– Votre bière doit être excellente, ajouta-t-il, si elle est aussi bonne que vos oies !
– Mes oies ?
Le cafetier paraissait fort surpris.
– Oui. Nous parlions d’elles, il n’y a pas une demi-heure, avec M. Henry Baker, qui était membre de votre « club de Noël ».
– Ah ! je comprends. Seulement, voilà, monsieur, ce ne sont pas du tout mes oies !
– Vraiment ? Alors, d’où viennent-elles ?
– J’en avais acheté deux douzaines à un marchand de Covent Garden.
– Ah, oui ! J’en connais quelques-uns. Qui était-ce ?
– Un certain Breckinridge.
– Je ne le connais pas. À votre santé, patron, et à la prospérité de la maison !
Peu après, nous nous retrouvions dans la rue.
– Et maintenant, reprit Holmes, boutonnant son pardessus, allons voir M. Breckinridge ! N’oubliez pas, Watson, que si, à l’une des extrémités de la chaîne, nous avons cette oie qui n’évoque que des festins familiaux, à l’autre bout nous avons un homme qui récoltera certainement sept ans de travaux forcés, si nous ne démontrons pas qu’il est innocent. Il se peut que notre enquête confirme sa culpabilité, mais, dans un cas comme dans l’autre, nous tenons, par l’effet du hasard, une piste qui a échappé à la police. Il faut la suivre. Donc, direction plein sud !
Nous traversâmes Holborn pour nous engager, après avoir descendu Endell Street, dans le dédale des allées du marché de Covent Garden. Nous découvrîmes le nom de Breckinridge au fronton d’une vaste boutique. Le patron, un homme au profil chevalin, avec des favoris fort coquettement troussés, aidait un de ses commis à mettre les volets. Holmes s’approcha.
– Bonsoir ! dit-il. Il ne fait pas chaud.
Le commerçant répondit d’un signe de tête et posa sur mon ami un regard interrogateur. Holmes montra de la main les tables de marbre vides de marchandises.
– Vous n’avez plus d’oies, à ce que je vois !
– Il y en aura cinq cents demain matin.
– Ça ne m’arrange pas !
– Il m’en reste une, là-bas. Vous ne la voyez pas ?
– J’oubliais de vous dire que je viens vers vous avec une recommandation.
– Ah ! De qui ?
– Du patron de l’Alpha.
– Ah, oui ? ... Je lui en ai vendu deux douzaines.
– Et des belles ! D’où venaient-elles ?
A ma grande surprise, la question provoqua chez le marchand une véritable explosion de colère. Il se campa devant Holmes, les poings sur les hanches et la tête levée dans une attitude de défi.
– Ah ! ça, dit-il, où voulez-vous en venir ? Dites-le franchement et tout de suite !
– C’est tout simple ! répondit Holmes. J’aimerais savoir qui vous a vendu les oies que vous avez procurées au patron de l’Alpha.
– Eh bien, je ne vous le dirai pas. Ça vous gêne ?
– Pas le moins du monde, car la chose n’a pas grande importance. Ce qui m’étonne, c’est que vous montiez sur vos grands chevaux pour si peu !
– Que je monte sur mes grands chevaux ! Je voudrais bien voir ce que vous feriez, si on vous embêtait comme on m’embête avec cette histoire-là ! Lorsque j’achète de la belle marchandise et que je la paie avec mon bel argent, je pourrais croire que c’est terminé ! Eh bien, pas du tout ! C’est des questions à n’en plus finir ! « Ces oies, qu’est-ce qu’elles sont devenues ? » – « A qui les avez-vous vendues ? » – « Combien en demanderiez-vous ? » – etc. ! Parole ! Quand on voit le potin fait autour de ces bestioles, on croirait qu’il n’y a pas d’autres oies au monde !