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Le monde de la sécurité

Le monde de la sécurité

Le monde de la sécurité

Blick in eine Wohnung par Egon Schiele via Wikimedia Commons

Si je cherche une formule commode qui résume l'époque antérieure à la Première guerre mondiale dans laquelle j'ai été élevé, j'espère avoir trouvé la plus expressive en disant  : "c'était l'âge d'or de la sécurité". Tout, dans notre monarchie autrichienne, presque millénaire, semblait fonder sur la durée, et l'Etat lui-même paraissait le suprême garant de cette pérennité.
Les droits qu'il octroyait à ses citoyens étaient scellés par des actes du Parlement, cette représentation librement élue par le peuple, et chaque devoir déterminé avec précision. Notre monnaie, la couronne autrichienne, circulait en brillantes pièces d 'or et nous assurait ainsi de son immutabilité. Chacun savait combien il possédait ou combien lui revenait, ce qui était permis ou défendu.
Tout avait sa norme, sa mesure et son poids déterminés. Qui possédait une fortune pouvait calculer exactement ce qu'elle lui rapportait chaque année en intérêts  : le fonctionnaire, l'officier trouvait dans le calendrier l'année où il était assuré de bénéficier d'une promotion ou de partir en retraite.
Chaque famille avait son budget bien établi, elle savait ce qu'elle aurait à dépenser pour le vivre et le couvert, pour les voyages estivaux et la représentation  ; en outre, on prenait inévitablement la précaution de réserver une petite somme pour les imprévus, pour les frais de la maladie et les soins du médecin. Qui possédait une maison la considérait comme le foyer assuré de ses enfants et ses petits-enfants, une ferme ou un commerce se transmettaient de génération en génération  ; alors que le nourrisson était encore au berceau, on déposait déjà dans la tirelire ou à la caisse d'épargne une première obole en vue de son voyage à travers l'existence, une petite "réserve" pour l'avenir.
Tout, dans ce vaste empire, demeurait stable et inébranlable, à sa place – et à la plus élevée, l'empereur, un vieillard  ; mais s'il venait à mourir, on savait (ou on pensait) qu'un autre lui succéderait et que rien ne changerait dans cet ordre bien calculé. Personne ne croyait à des guerres, des révolutions et à des bouleversements. Tout événement extrême, toute violence, paraissaient presque impossibles dans cette ère de raison.