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Drôle d'ascension

Drôle d'ascension

Drôle d'ascension

Il étreignit le pied

Il étreignit le pied

Le pied de l'éléphant de la Bastille par G. Brion via Wikimedia Commons

Il étreignit le pied rugueux de l’éléphant, et en un clin d’oeil, sans daigner se servir de l’échelle, il arriva à la crevasse. Il y entra comme une couleuvre qui se glisse dans une fente, il s’y enfonça, et un moment après les deux enfants virent vaguement apparaître, comme une forme blanchâtre et blafarde, sa tête pâle au bord du trou plein de ténèbres.
– Eh bien, cria-t-il, montez donc, les momignards ! vous allez voir comme on est bien ! Monte, toi ! dit-il à l’aîné, je te tends la main.
Les petits se poussèrent de l’épaule, le gamin leur faisait peur et les rassurait à la fois, et puis il pleuvait bien fort. L’aîné se risqua. Le plus jeune, en voyant monter son frère et lui resté tout seul entre les pattes de cette grosse bête, avait bien envie de pleurer, mais il n’osait. L’aîné gravissait, tout en chancelant, les barreaux de l’échelle ; Gavroche, chemin faisant, l’encourageait par des exclamations de maître d’armes à ses écoliers ou de muletier à ses mules :
– Aye pas peur ! C’est ça ! Va toujours ! Mets ton pied là ! Ta main ici. Hardi !
Et quand il fut à sa portée, il l’empoigna brusquement et vigoureusement par le bras et le tira à lui.
Gobé ! dit-il.
Le môme avait franchi la crevasse.
– Maintenant, fit Gavroche, attends-moi. Monsieur, prenez la peine de vous asseoir.
Et, sortant de la crevasse comme il y était entré, il se laissa glisser avec l’agilité d’un ouistiti le long de la jambe de l’éléphant, il tomba debout sur ses pieds dans l’herbe, saisit le petit de cinq ans à bras-le-corps et le planta au beau milieu de l’échelle, puis il se mit à monter derrière lui en criant à l’aîné :
– Je vas le pousser, tu vas le tirer.
En un instant le petit fut monté, poussé, traîné, tiré, bourré, fourré dans le trou sans avoir eu le temps de se reconnaître, et Gavroche, entrant après lui, repoussant d’un coup de talon l’échelle qui tomba sur le gazon, se mit à battre des mains et cria :
– Nous y v’là ! Vive le général Lafayette ! 
Cette explosion passée, il ajouta :
– Les mioches, vous êtes chez moi.