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Prends ma main

Prends ma main

Prends ma main

Cependant le petit

Cependant le petit

La lune à partir d'une illustration de E. Bayard via Wikimedia Commons

Cependant le petit ne s’endormait pas :
– Monsieur ! reprit-il.
– Hein ? fit Gavroche.
– Qu’est-ce que c’est donc que les rats ?
– C’est des souris.
Cette explication rassura un peu l’enfant. Il avait vu dans sa vie des souris blanches et il n’en avait pas eu peur. Pourtant il éleva encore la voix :
– Monsieur ?
– Hein ? refit Gavroche.
– Pourquoi n’avez-vous pas un chat ?
– J’en ai eu un, répondit Gavroche, j’en ai apporté un, mais ils me l’ont mangé.
Cette seconde explication défit l’oeuvre de la première, et le petit recommença à trembler. Le dialogue entre lui et Gavroche reprit pour la quatrième fois.
– Monsieur !
– Hein ?
– Qui ça qui a été mangé ?
– Le chat.
– Qui ça qui a mangé le chat ?
– Les rats.
– Les souris ?
– Oui, les rats.
L’enfant, consterné de ces souris qui mangent les chats, poursuivit :
– Monsieur, est-ce qu’elles nous mangeraient, ces souris-là ?
– Pardi ! fit Gavroche.
La terreur de l’enfant était au comble. Mais Gavroche ajouta : 
– N’eille pas peur ! ils ne peuvent pas entrer. Et puis je suis là ! Tiens, prends ma main. Tais-toi, et pionce !
Gavroche en même temps prit la main du petit par-dessus son frère. L’enfant serra cette main contre lui et se sentit rassuré.
Le courage et la force ont de ces communications mystérieuses. Le silence s’était refait autour d’eux, le bruit des voix avait effrayé et éloigné les rats ; au bout de quelques minutes ils eurent beau revenir et faire rage, les trois mômes, plongés dans le sommeil, n’entendaient plus rien.
Les heures de la nuit s’écoulèrent. L’ombre couvrait l’immense place de la Bastille, un vent d’hiver qui se mêlait à la pluie soufflait par bouffées, les patrouilles furetaient les portes, les allées, les enclos, les coins obscurs, et, cherchant les vagabonds nocturnes, passaient silencieusement devant l’éléphant ; le monstre, debout, immobile, les yeux ouverts dans les ténèbres, avait l’air de rêver comme satisfait de sa bonne action, et abritait du ciel et des hommes les trois pauvres enfants endormis.