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Le petit Gavroche

Le petit Gavroche

Le petit Gavroche

Un soir que ces bises soufflaient

Un soir que ces bises soufflaient

Gavroche à partir d'une illustration de G. Brion via Pontauchange.com

Un soir que ces bises soufflaient rudement, au point que janvier semblait revenu et que les bourgeois avaient repris les manteaux, le petit Gavroche, toujours grelottant gaîment sous ses loques, se tenait debout et comme en extase devant la boutique d’un perruquier des environs de l’Orme-Saint-Gervais. Il était orné d’un châle de femme en laine, cueilli on ne sait où, dont il s’était fait un cache-nez. Le petit Gavroche avait l’air d’admirer profondément une mariée en cire, décolletée et coiffée de fleurs d’oranger, qui tournait derrière la vitre, montrant, entre deux quinquets, son sourire aux passants ; mais en réalité il observait la boutique afin de voir s’il ne pourrait pas « chiper » dans la devanture un pain de savon, qu’il irait ensuite revendre un sou à un « coiffeur » de la banlieue. Il lui arrivait souvent de déjeuner d’un de ces pains-là. Il appelait ce genre de travail, pour lequel il avait du talent, « faire la barbe aux barbiers ». Tout en contemplant la mariée et tout en lorgnant le pain de savon, il grommelait entre ces dents ceci :
– Mardi. – Ce n’est pas mardi. – Est-ce mardi ? – C’est peut-être mardi. – Oui, c’est mardi.
On n’a jamais su à quoi avait trait ce monologue. Si, par hasard, ce monologue se rapportait à la dernière fois où il avait dîné, il y avait trois jours, car on était au vendredi.