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Préface

Préface

L'objectif des Petits Classiques illustrés de GlobeKid est de permettre aux plus jeunes de découvrir en même temps qu'une ville un auteur classique dont le texte apporte un éclairage littéraire, historique ou tout simplement personnel sur cette ville.
Pour Berlin, GlobeKid a choisi un chapitre qu'il a baptisé "Partie de campagne à Halensee", extrait du roman de Théodor Fontane "Madame Jenny Treibel". Écrit en 1892, ce roman est considéré comme le chef d’œuvre de cet auteur qu'on présente souvent comme le Balzac allemand. Il se déroule dans le Berlin contemporain de Fontane. C'est alors la capitale du IIe Reich (1871-1918) dirigé par Guillaume Ier - puis Guillaume II - et marqué par la politique du chancelier Bismarck.
Après la victoire sur la France et pendant une dizaine d'années s'ouvre le "Gründerzeit" (le temps des fondateurs), une révolution industrielle fulgurante doublée d'un boom économique majeur. Bref, l'âge d'or de l'Allemagne et de Berlin qui devient une capitale moderne.
Les personnages du roman de Fontane sont les "héros" de cette période pendant laquelle la bourgeoisie triomphe à travers le développement de la société industrielle et commerçante. Treibel a fait prospérer les usines de lessive d'alcali créées par son père en y adjoignant la production de bleu de Prusse. Il se prépare à entrer en politique en essayant de se faire élire dans une circonscription conservatrice. Sa femme, qui donne son nom au titre du roman, est d'origine modeste, mais la prospérité des usines de son mari nourrit son ambition toujours dévorante. Si de temps en temps elle peut regretter un milieu plus intellectuel et cultivé à travers son amitié pour le professeur Schmidt, elle a "la bourgeoisie dans le sang" pour reprendre une expression de l'auteur.
Théodor Fontane par petites touches réussit à brosser une manière d'être dans le Berlin de la fin du XIXe siècle où les progrès de la vie moderne cohabitent encore pour un temps avec la tradition prussienne. Son écriture très classique, faite de descriptions minutieuses et de dialogues qui sont de véritables miroirs des personnages, est aussi suffisamment ironique et pleine d'humour pour garantir le plaisir de la lecture.
GlobeKid a choisi d'illustrer ce texte avec des tableaux d'artistes impressionnistes qui ont fait partie de la première Sécession berlinoise. Il s'agit d'un groupe de peintres qui s'est opposé dès 1892 à la peinture académique fondée sur le nationalisme et entretenue par la cour et l’empereur Guillaume II lui-même. Alors que ce dernier condamne les Sécessionnistes, Max Liebermann qui préside la Sécession jusqu'en 1911, affirme que "ce n’est pas le prince le plus puissant, mais l’artiste seul qui indique à l’art les voies qu’il doit prendre". Avec Max Slevogt, Lovis Corinth, Walter Leistikow, Ludwig Von Hofmann entre autres, ce sont de grands admirateurs des peintres impressionnistes français. A partir de 1910, les Sécessionnistes eux-mêmes seront accusés d'empêcher l'évolution de l'art moderne et remis en cause par une nouvelle Sécession qui donnera naissance à l'Expressionnisme.